Louise Glück : la poésie récompensée au prix Nobel de Littérature

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La surprise aura été de taille ! Alors que circulaient les noms d’auteurs reconnus et populaires – comme l’Américain Stephen King (« The Shining »), le Français Michel Houellebecq (« La Possibilité d’une île »), le Japonais Haruki Murakami (« La Ballade de l’impossible ») ou la Canadienne Margaret Atwood (« La Servante écarlate ») –, l’annonce de Louise Glück aura créé l’événement, le 8 octobre dernier, en déjouant tous les pronostics.

L’autrice de 77 ans, d’origine new-yorkaise et professeure à l’université Yale, a publié une douzaine de recueils de poésie, entre 1968 et 2014. Considérée comme l’une des plus grandes poètes de la littérature américaine contemporaine, elle reste largement méconnue du public, hors du monde anglo-saxon. L’Académie suédoise a souligné la valeur de « sa voix incontestablement poétique, qui, d’une beauté austère, rend universelle l’existence individuelle ». Dans son testament, le chimiste Alfred Nobel indiquait que les lauréats devraient avoir rendu service à l’humanité en faisant « preuve d’un puissant idéal ». La poésie de Glück nous rappelle la puissance des mots en ces temps incertains.

Louise Glück est désormais la 16ème femme récompensée d’un Nobel de Littérature, la première étant la Suédoise Selma Lagerlöf, primée en 1909, huit ans après la création du prix. Cette année, la cérémonie des Nobels sera célébrée à la télévision, au vu de la pandémie actuelle. La récompense, éminemment prestigieuse, s’accompagne d’un prix pécuniaire de 9 millions de couronnes suédoises (soit environ 865.000 €). Au cours de son histoire, le Prix Nobel aura récompensé une majorité d’auteurs anglophones (30, au total) ; cependant, la France caracole toujours parmi les pays au plus grand nombre de lauréats (15).

Beaucoup regrettent que la poète soit si peu traduite en français, à l’exception d’une présence discrète dans quelques revues littéraires. Son œuvre est décrite comme représentant une poétique de l’intimité, plaçant des thèmes universels, comme la famille, au cœur de son travail. Son recueil le plus connu est The Wild Iris (1992), pour lequel elle reçoit le prix Pulitzer. Espérons que ce prix éveillera la curiosité des éditeurs francophones !

Pour terminer, nous vous présentons un extrait de son recueil le plus célèbre : The Wild Iris (L’Iris sauvage) :

At the end of my suffering – Au bout de ma douleur

there was a door. – il y avait une porte. //

Hear me out : that which you call death – Écoute-moi bien : ce que tu appelles la mort,

I remember. – je m’en souviens. //

Overhead, noises, branches of the pine shifting. – En haut, des bruits, le bruissement des branches de pin.

Then nothing. The weak sun – Puis plus rien. Le soleil pâle

flickered over the dry surface. – vacilla sur la surface sèche. //

It is terrible to survive – C’est une chose terrible que de survivre

as consciousness – comme conscience

buried in the dark earth. – enterrée dans la terre sombre.https://arts-culture.com